Do Montebello, rouge Brasil
« Cet album est parti d’un postulat : on a beau parler et se mobiliser, on reçoit chaque jour des images alarmantes » confie Do Montebello à propos « D’Adamah ». Alors, parce que c’est un langage qu’elle maîtrise avec une rare musicalité, l’artiste a choisi le chant pour exprimer ses émotions et ses tourments. Douze chansons, comme autant de partitions dédiées à la vie, aux arbres, au souffle du vent, aux océans…Mais aussi aux femmes et aux hommes qui tentent de survivre sur cette terre malmenée.
Une terre que Do connaît bien pour l’avoir sillonnée depuis sa plus tendre enfance. Née à Albi, élevée en Algérie, elle a vécu à Paris, le temps de suivre des études de lettres modernes avant de boucler à nouveau ses valises pour s’envoler vers les Caraïbes, les Etats-Unis et le Brésil. Durant ce périple, elle se produit dans les clubs et les hôtels en revisitant des standards du jazz et de la musique populaire brésilienne. C’est au retour des Caraïbes que commence à germer l’idée de l’album « Adamah » qui, en hébreu, désigne la terre, le sol, l’argile et plus généralement la terre rouge.
Si le monde s’est créé en six jours, Do Montebello mettra patiemment quinze ans à peaufiner son projet « Je le porte comme la soif pour les hommes d’être enfin entendus » dit-elle. Et, pour lui donner une belle résonance acoustique, Do a fait appel à Patrick Favre (compositeur et pianiste) et au « Petit Prince de la mélodie », le guitariste et arrangeur Sergio Farias. Avec eux, elle redessine, entre jazz et mélopées brésiliennes, un monde en mouvement (« Correnteza », « Mar Humano », « Musicalidade »). Puis, avec « Aveleira » ou « Terra », elle s’ancre dans ce terreau qui nourrit l’enfance et l’espoir. Tandis que dans « Hilda Francisco Acena » et « Minas », elle rend hommage aux déracinés et au Minas Gerais, une région dont la beauté l’a bouleversée. « S’il existe un Eden, il est là » affirme la chanteuse.
Le disque se termine par « Travessa Dos Calafates », sur une musique de Tico Da Costa, un compositeur aujourd’hui disparu et qu’elle est la première à interpréter en France. Un titre qui loue les artisans oubliés, comme ces calfats qui réparaient les barques et qui rappellent les luthiers restaurant les guitares. Elle nous interpelle au passage sur cette planète qui, en dépit de notre inconscience, continuera à tourner, avec … ou sans nous.
Un plaidoyer humaniste et d’une lumineuse poésie, qu’elle défendra sur la scène de l’Européen, le 7 mai prochain. L’occasion de découvrir le timbre envoûtant de Do Montebello, dont le vibrato nous embarque dans des chansons où les notes se nourrissent des mots. A moins que ce ne soit le contraire…