« Un crooner, c'est quelqu'un qui peut arriver sur scène en disant je suis seul, triste et vieux, mais je suis cool ». L’art de bien vivre de Guy Marchand correspond à l’un des titres de cet album en forme d’autoportrait, qui lui ressemble. A travers 11 chansons, il se raconte, en filigrane, avec une tendresse qu’il a souvent dissimulée derrière un faux cynisme. Il n’a jamais cessé de parler d’amour, comme il le dit dans « J’aime », « Hôtel du Nord » et « Eternel amant ». « Chanteur de charme » lui permet d’ajouter qu’à un peu plus de quatre fois 20 ans, un sourire de femme le désarme encore et toujours. « La Passionnata » était déjà très présente dans son coeur, lorsqu’enfant il dessinait des coeurs au canif, à Belleville, où il préférait déjà les notes de musique à celles de professeurs dont il séchait régulièrement les cours. Il était, en revanche, très présent dans les salles obscures du quartier où il découvrait des stars qui le faisaient rêver, sans imaginer qu’un jour, il deviendrait, lui aussi, un acteur. En revanche, il ne fait pas de cinéma lorsqu’il évoque sa postérité. Dans « Chanteur de charme », il assure qu’il ne restera rien de lui, de ce qu’il appelle sa « musique d’ascenseur ». Lucide, il assure que le vent emporte les partitions. Sauf, lorsque, comme les siennes, elles disposent de bien des atouts pour demeurer dans l’air du temps. Longtemps, longtemps après que l’interprète ait disparu… Jacques PESSIS